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LES DERNIERS JOURS DU PHÉNOMÈNE
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vous cette clochette ?… C’est Prosope. Il a brûlé l’Hospice… Il n’aura pas mes yeux… Comme il sonne ! Comme il sonne !…

La fièvre l’avait repris, et le délire commençait. Jean laissait échapper un flux de paroles, parfois incohérentes, mais plus souvent révélatrices du secret de sa vie. Ses souvenirs de guerre et surtout de captivité l’obsédaient. Redoutant les bavardages et les curiosités, rempli d’admiration et de gratitude pour le zèle muet de Fanny, je fis en sorte qu’à partir de là Jean Lebris ne reçût d’autres soins que ceux de notre amie ou les miens.

Son état empirait sans remède. Tantôt il divaguait, et tantôt reposait. Par intervalles, redevenu lucide, il nous entretenait faiblement de notre avenir nuptial, qui semblait son unique préoccupation…

Mais, le soir du sixième jour, comme je venais de lui faire une piqûre hypodermique :

— Qu’avez-vous mis là ? me demanda-t-il en indiquant un angle de la pièce.

— Là-haut ?… Il n’y a rien, mon petit Jean. C’est une illusion.