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L’HOMME TRUQUÉ

ne sont pas déchirés, pas même froissés…

Juliaz examinait la route. Pâteuse à souhait, elle gardait, remarquablement nettes, les empreintes de la nuit. Les pas du docteur furent repérés.

On en voyait trois, ni un de plus, ni un de moins, — trois pas marchant transversalement à la voie, — trois pas qui ne venaient de nulle part et s’arrêtaient tout à coup. Puis c’était la marque d’un corps pesant qui, de toute la force de sa chute, avait imprimé dans la bouillie terreuse l’image d’une fourrure épaisse ; quelques poils restaient collés à ce moule.

Il fut aisé de conclure que le docteur Bare avait été fusillé à sa descente de voiture, sans doute par un agresseur caché dans le bois, et qu’à ce moment il était vêtu d’une peau de bique ; son meurtrier l’avait traîné de côté pour l’en dépouiller et le fouiller commodément.

Juliaz savait que le docteur possédait une voiturette automobile assez rapide, qu’il conduisait lui-même avec une sorte de virtuosité et qui lui servait pour ses visites dans la campagne. Le gendarme