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L’HOMME TRUQUÉ

dons, un mouchoir palpitait. On voyait de loin des objets par terre et, sur le bas-côté, la forme noire et blanche d’un homme étendu.

Les gendarmes, avec l’expérience de la guerre et du métier, savaient déjà que l’homme était mort. Ils mirent pied à terre à distance, les chevaux furent attachés à un poteau télégraphique, et les deux compagnons s’approchèrent du cadavre en prenant soin de marcher sur l’herbe, afin de ne brouiller aucune trace.

— Eh bien !… C’est le docteur Bare, dit Juliaz.

L’autre regardait en silence.

— C’est vrai que vous êtes nouveau, reprit Juliaz. Voilà : c’est un médecin de Belvoux.

Ils avaient devant eux le corps d’un homme dans toute sa force, un grand gaillard de trente à trente-cinq ans, couché sur le dos, face au ciel, le front troué d’une balle. Il était nu-tête et sans paletot, mais ganté de gros gants de sport. Ses vêtements avaient été déboutonnés, le contenu de ses poches retournées gisait sur le sol