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L’ÉVASION DE L’HOMME TRUQUÉ
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J’étais condamné à voir sans cesse devant moi ces feux inexorables, ondes d’assombrissements et d’éclats qui en rendaient la perception des plus fatigante. Autrement dit, j’étais condamné à ne plus dormir !

» Et c’est par là que ce diable de Prosope eut raison de mon entêtement. Il me vainquit par le sommeil.

» Après trois jours d’insomnie, la fantasmagorie des lumières ayant peut-être triplé, Prosope me vendit, contre la promesse de parler, une paire de lunettes compactes. Elles étaient faites d’une superposition de divers isolants qui, chacun remplissant sa tâche, interceptaient finalement toutes les radiations.

» Je dormis d’abord. Puis, loyal, je parlai.

» Plus de noir, maintenant. Un éclairage général. Un éclairage dégradé, avec des zones tour à tour ardentes ou crépusculaires. Une luminosité universelle, éternellement ondulée ou frissonnante, dont la couleur passait du bleu le plus aigu au rouge le plus acide, par l’intermédiaire de tous les violets imaginables. À la vérité, le violet régnait presque uniquement ; mais le rouge