Page:Renard - L’Homme truqué, suivi du Château hanté… - Crès, 1921.djvu/109

Cette page n’a pas encore été corrigée
L’ÉVASION DE L’HOMME TRUQUÉ
105

rées avaient dérangé je ne sais quoi, déréglé quelque minutieuse concordance. Maintenant, au lieu d’un seul Prosope spectral, j’en apercevais deux qui se « chevauchaient». Mes électroscopes s’étaient mis à loucher !

» Cet incident refroidit mon exaltation, et je pris conscience du bonheur relatif dont j’étais le bénéficiaire contraint et forcé. L’idée de perdre cette espèce de deuxième vue, cette faculté de remplacement, me fut pénible. Mais le sentiment de ma dignité me retint d avertir Prosope de ce qui venait de se produire, et de lui demander ses soins. J’espérai que le strabisme se dissiperait, — ce qui arriva fort heureusement. Quelques heures plus tard, la conjugaison des deux électroscopes s’était rétablie d’elle-même.

» Prosope, de guerre lasse, m’ayant abandonné à ma mauvaise humeur, je pus à loisir contempler le nouveau visage que m’offrait le vieux monde.

» À ce moment, en comparaison avec ce qui se montre à moi aujourd’hui, je découvrais réellement peu de chose, et mal. Car, il faut que vous le sachiez : depuis leur insertion dans mes orbites, depuis leur in-