Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée
85
L'ÉTRANGÈRE

— Non, non, dit-elle, on peut toujours avoir besoin d’une couette.

Il arriva que Marguerite leur dit :

— Vous n’auriez, pas quelque chose où je coucherais mes petits ?

— Si, j’ai une couette !

— Combien me la vendrez- vous ? Oh ! je la paierai !

Et elle l’a payée sou par sou avec le temps. Les derniers dix sous, elle les a payés avec des salades de pissenlit qu’elle cherchait dans les prés.

— Et tu voulais jeter cette couette ! dit la cadette à l’aînée, tu vois bien que j’en ai tiré quatre francs.

— C’est vrai, dit l’aînée.

— Ces deux femmes sont d’honnêtes paysannes, et il est à peu près certain qu’elles n*ont jamais fait leurs maris cocus.

Marguerite avoue à Glorietre que, l’hiver dernier, elle a eu plus d’une fois envie de se foutre à l’eau avec ses petits.

— Promettez-moi, lui dit Gloriette, que si cette idée vous reprend, vous m’écrirez d abord ?

— Oui, madame.

— Bien sûr ?

— Je vous le promets.