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L’ÉTRANGÈRE


Gloriette a fait la connaissance, au village, d’une femme qui s’appelle Marguerite.

— Marguerite qui ?

— Je ne sais pas, dît Gloriette, mais c’est une femme bien malheureuse !

Etrangère, au pays depuis peu, elle habitait un village voisin, à une dizaine de kilomètres d’ici ; mais elle viendrait d’Amérique qu’elle ne serait pas plus étrangère.

Il y a les gens qui sont du village et les autres ; et les autres, quoi qu’ils fassent, n’en seront jamais.

Depuis que Marguerite s’est installée, avec son tas de petits, entre quatre murs nus d’une maison qu’on abandonnait, le village l’observe et se défie.

Elle a l’air jeune, un visage fin, joli, trop pâle et trop maigre, des yeux d’un bleu tendre, un sourire fragile, une lueur sur les lèvres.

Lâchée une première fois par l’homme dont elle