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L’ŒIL CLAIR


avoir présidé une loterie d’école laïque, courait étourdiment, sans s’en apercevoir, aux honneurs privés de l’arbre de Noël d’en face.

Même à un certificat d’études primaires un honnête homme peut constater combien il est difficile d’être juste. Le délégué cantonal égaré parmi les examinateurs, pécherait plutôt d’abord par indulgence : il évite avec soin de se compromettre à l’arithmétique, au calcul mental, à l’agriculture. Il ne serait pas de force. Pour la dictée, au lieu de fautes, il ne compte généreusement que des quarts de faute. C’est à la rédaction qu’il s’endurcit ; il n’a de mesure que son caprice : toutes ces rédactions se ressemblent, aucune n’est un chef-d’œuvre. A la dixième, il s’énerve ; à la vingtième, il ne voit plus clair ; la cinquantième le décourage et il devient dur pour le candidat. Les programmes disent que sous prétexte qu’on s’est montré sévère (et on ne l’est pas) pour les fautes d’orthographe, de ponctuation, de français dans la dictée, il ny a plus à tenir compte de ces fautes dans la rédaction. Aussi, à part une demi-douzaine de compositions, on ne lit que des horreurs qu’il n’y a aucun moyen de corriger ! Si l’on ne demande pas à ces petits gars d’écrire à peu près correctement, pourquoi veut-on qu’ils aient des