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L’ŒIL CLAIR


fantaisiste, dans un journal républicain de province.

" Ces pauvres petites doivent être bien étonnées de leur échec, disais-je. On leur gâte la vie au début. Pourraient-elles espérer, après cette catastrophe, qu’elles feront de bonnes ménagères ? "

Cette fantaisie eut un vif succès. Un grand nombre de journaux la reproduisirent, avec des commentaires variés ; les uns disaient : " C’est drôle ! mais c’est un avertissement amical ; travaillons ! " Les autres : " Quelle honte pour la République, et quel désastre ! "

J’eus beau répliquer à l’ennemi : " Prenez garde ! Êtes-vous sûr que ces réponses étaient toutes laïques ? Je ne nomme pas les écoles. Il reste des écoles libres, et chaque année elles présentent des élèves au certificat d’études. Désirez-vous savoir de quelles écoles proviennent ces puérils propos dont vous ne devriez que sourire ? "

Rien n’y fit ; le coup était porté, l’école laïque perdue, la République déshonorée. Quelques mois après, un journal parisien, un peu en retard, publiait à son tour les mêmes réponses : nouveau succès, multiplié et déplorable ! Il ne s’éteint pas. Aujourd’hui, je trouve encore, dans une feuille