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ALPHONSE DAUDET


I


... Pourquoi faisons-nous si peu de visites à nos maîtres ? Pourquoi, cher maître, ne vais-je pas vous voir plus souvent ? Je peux dire que je n’ai pas le temps, que votre entourage me déplaît, et que, vous aussi, vous m’inquiétez. Mais écoutez la vraie raison : vous m’avez invité, par un billet flatteur ; j’arrive et je voudrais tout de suite, dès les premiers mots, devenir votre meilleur ami. C’est impossible. Les anciens amis sont là qui surveillent. Il ne reste plus à prendre que de petites places insignifiantes, des coins obscurs. Ce n’est pas assez pour mon admiration affectueuse, et ce serait trop long de mériter davantage. Mieux vaut m’en aller, me tenir à l’écart, non sans tristesse et dépit.

Plus tard, à votre mort, je m’accuserai d’indifférence ; je ne serai pas juste.