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LES DRAMES DE LA CONSCIENCE


avec sa femme son égale, ne fera plus rire les curés. Que deviendront-ils, leurs bigotes perdues ?

Déjà dans le moindre village, plus d’un mari essaie ce tour de force ou d’adresse de se dégager avec sa compagne ! Le milieu est hostile, il faut du courage. Il y a l’habitude, les convenances, l’usage, la routine, selon le cas ; les gens distingués disent : la tradition. C’est inouï ce qu’on trouve d’euphémismes pour désigner, comme pour excuser ce qui reste de religion ! Il y a surtout, et l’exemple leur en vient de haut, l’inconscience civique, la faiblesse de caractère.

Dans la Bigote qu’on joue à l’Odéon, il est vrai que le mari, M. Lepic, ne peut rien contre sa bigote ; il est toujours vaincu, et il tâche, philosophe résigné, de se venger de ses défaites successives par sa bonne humeur.

Parce que la pièce n’est ni violente ni grossière, on a cru devoir, par précaution bienveillante, dire que je ne prenais pas parti. On se trompe. Si je ne prenais pas parti, je mériterais de figurer au rang des maris dont je viens de parler. J’approuve M. Lepic.