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L’ŒIL CLAIR


répondu à cette femme aux portes du paradis. On ne saurait admettre qu’une femme qui aime bien son mari aille au paradis toute seule, comme une égoïste. Non, madame, vous n’irez pas !

" Liberté " crie le mari avec mollesse. Pour qui ? Pour le voisin, oui, mais la femme n’est pas un voisin, une étrangère. Ce que vous faites avec elle n’est pas neutre : se marie-t-on pour réaliser l’union idéale et mettre tout en commun, sauf Dieu ? Dans la chambre à coucher, il y a un grand christ au chevet du lit de la femme. Le mari ne partage pas le christ. Il partagerait, si c’était un vide-poches. Comme ils sont plus logiques les époux qui s’agenouillent ensemble au pied du lit, sur leur double prie-Dieu !

Imaginez le cas contraire, moins fréquent, où c’est le mari qui veut aller à la messe. Admet-il que sa femme se permette de ne pas l’y suivre ?

Mais on ne forge pas la conscience. Ah ! tant pis ! Essayez, luttez, essayez encore ou convertissez-vous, ou n’épousez pas imprudemment, si vous voulez que le mot bonheur garde un sens. Ça vaut la peine. Le reste n’est que confusion et veulerie. Le mari, je ne dis pas maître chez soi, mais pleinement d’accord, par l’âme, le cœur et l’esprit (le mariage n’est rien s’il n’est pas tout),