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AGRÉMENTS DE VOYAGE

L'épouse. — Ah ! oui.

Le mari. — Pourquoi dis-tu : " Ah ! oui ! " sans regarder ? Justement il n’y a pas d’arbres. Nous traversons une plaine toute nue.

L’épouse. — C’est vrai.

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Les vaches ont enfin compris. Le plus rapide des trains ne leur ferait pas perdre une bouchée.

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A notre passage assourdissant sur un pont de fer, la lune tremble et se noie dans l’eau.

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Les gens qui dormaient et qui se réveillent ont un peu d’angoisse au regard comme s’ils étaient surpris par une catastrophe.

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Dans le couloir un voyageur marche sur le pied d’un autre, et c’est l’autre qui s’excuse :

— Oh ! pardon, monsieur !

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Ce garçon du wagon-restaurant perd l’équilibre, tombe sur moi et mon potage, et dit :

— J’ai pourtant l’habitude !

Il tient à m’avoir fait mal.