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L’ŒIL CLAIR


— Le théâtre ne confiera plus rien à ce Monsieur, dit M. Rouvre. Dureuil va le remplacer ; réflexion faite, Dureuil sera meilleur.

— Que ne prenait-il Dureuil tout de suite ? pense Paul Page, il m’aurait épargné cet affront.

Mme Pralin, l'actrice qui jouera la fermière, le console. Quelle bonne maman ! Elle a l’air enchanté. Elle s’amuse. Ronde, corpulente et gaie, elle réalise le rêve de Paul Page.

— En voilà une, dit-il à M. Rouvre, dont je ne doute point. Elle sera parfaite.

— Pas plus parfaite demain qu’aujourd’hui, dit M. Rouvre, après-demain que demain.

— Quand elle saura son rôle ?

— Elle ne le saura jamais.

Il paraît que c’est la marque de Mme Pralin. Elle accepte tous les rôles, les aime tous, et n’en apprend aucun.

— Ne vous inquiétez pas, dit-elle à l'auteur, quel qu’il soit : nous avons le temps ! A quoi bon se fatiguer ? Le public n’est pas encore là. J’ai besoin du public, il faut que le public me porte, alors je marche. Et votre pièce me plaît tellement que nous la mènerons, sans nous faire de bile, jusqu’à la centième ; vous verrez !

Mlle Berthe sera, dans L’Œil du Maître, la sœur