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LETTRES À L’AMIE


notre chant est plus agréable à ton Dieu que ta. prière.

Je vous écris cela, parce que je connais votre goût si dépravé pour les jolies choses qu’il vous est égal qu’elles soient fausses.


Quand une femme dit à un homme :

— Je ne vous inspire donc pas ? ce n’est déjà pas si bête.

Ainsi vous, chère amie, vous m’inspirez. Il m’est impossible de penser à vous sans que mon humeur se modifie. Dès que j’imagine, dès que j’appelle devant moi votre beau visage, j’ai besoin d’exprimer quelque chose de délicat. J’y arrive ou n’y arrive pas, peu importe, mais je tâche. Est-ce inspirer un homme, ça, oui ou non ?


Un journaliste me pose cette question : La femme est-elle supérieure ou inférieure à l’homme ?

Cet homme a de cruels soucis.

Je réponds :

— La femme que j’aime m’est supérieure. Je ne connais pas les autres.

Oh ! que vous et Berthe, vous m’êtes supérieures ! Vous m’accablez, chères femmes. Mais laquelle des deux est supérieure à l’autre ?