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DIALOGUE DU JOUR

— En apprenant à vivre, c’est-à-dire à aimer. Lisez ce livre, sérieux quoique amusant, plein d’idées, d’audace et de raison ; Fauteur y prévoit tout et répond à presque toutes les objections. Ah ! il y en a de fortes ! C’est un des livres les plus sagement révolutionnaires qu’on ait écrits. Bien lu, et médité, il peut avoir une profonde influence sur les mœurs qui ne demandent peut-être qu’à changer.

— Le Lys va leur porter un rude coup.

— Je ne crois pas ; un bon livre pénètre et reste, une pièce meurt avec le succès qui la faisait vivre. Les bourgeois acclament l’émouvante sacrifiée, Suzanne Desprès. Une fois dehors, à l’air vif, ils se calment et ils jugent la thèse. Il ne manque, n’est-ce pas, à la sacrifiée, à sa sœur, à toute cette famille, que de l’argent. S’ils étaient riches, s’ils avaient su garder leur argent, ils vivraient heureux, avec l’estime du monde. Les bourgeois, rafraîchis, sont donc bien décidés à défendre leur argent et les privilèges qu’il crée. " Economisons davantage pour mieux doter nos filles ", voilà sans doute l'unique leçon qu’ils acceptent du Lys. Et puis, qu’est-ce qu’une pièce qui réussit ? Une pièce qui rapporte beaucoup d’argent. Les bourgeois sourient des auteurs d’avant-garde