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L’ŒIL CLAIR

— Pas assez ! Il y a cependant de quoi nous faire dîner ensemble huit ou neuf fois par an. C’est le plus agréable. Nous dînons en ville, comme les vrais académiciens, mais à nos frais et mieux. Un soir, nous attribuons le prix de cinq mille francs (je cite les statuts) " au meilleur ouvrage d’imagination en prose paru dans l’année ".

— L’autre Académie distribue des centaines de prix !

— La nôtre un seul, c’est une de nos supériorités !

— Ne commencez pas ! Ne blaguez pas l’Académie française, notre honneur à l’étranger, la gardienne de nos traditions, et, etc...

— Je sais, je sais ; j’accorde ce que vous voudrez à l’illustre voisine ; mais, chez nous, on meurt moins !

— A qui offrez-vous le prix ?

— Je cite encore les statuts : " Le prix sera donné à la jeunesse, à l’originalité du talent, aux tentatives nouvelles et hardies de la pensée et de la forme... "

— Et à la pauvreté ?

— Il n’en est pas question.

— Le pauvre a plus de talent que le riche !

— Il est peut-être plus difficile au riche d’en