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LA CRISE DU ROUGE

— Mais, dis-je, il y a plus de six mois qu’on m’embête !

— Vous n’en avez pas encore, réplique Abel.

C’est notre démarche collective qui fournira la première feuille de votre dossier. Ne vous impatientez pas, gardez-vous de considérer la croix comme une récompense. Ce n’est qu’une formalité qui peut être plus ou moins longue. Je suis pessimiste et je vous communique tout de suite, selon mon habitude, ce qui vous est désagréable.

— Vous êtes un ami charmant, que j’aime bien !

Y, qui est décoré, vient d’écrire directement au ministre. Il me passe la lettre et me dit :

— Si vous voulez mettre les virgules !

Le ministre a dit à quelqu’un qui me le répète :

— Nous verrons !

— Zut !...

Par bonheur, personne ne m’a entendu.

Est-ce qu’il appartient à un ministre de récompenser un artiste ?

On parle de Pinçon, le concurrent. L’un dit : moi, je n’ai jamais pu finir un de ses volumes. L’autre : je ne lis que la fin de ses livres. L’autre : je les lis en cinq minutes. Ensuite, on s’accorde à affirmer qu’il me battra.