Page:Renard - L’Œil Clair, 1913.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée
152
L’ŒIL CLAIR


cette impression que si ce n’est pas impossible, ce n’est pas inévitable.

— Ah !

— Bref, ça ne tourmente pas le ministre ; moi, j’ai vu le président de la Société des gens de lettres. Il a déjà écrit pour Pinçon, mais il veut bien prendre part à une démarche collective en votre honneur. Il est évident qu’aux yeux du ministre vous n’offrez pas la surface de Pinçon.

— Ça m’est égal ! Pourquoi ?

— Vous n’avez rien publié depuis la dernière promotion, vous n’exhibez pas une grosse pile de livres, vous n’écrivez pas dans les grands journaux. Pinçon passera, s’il passe, à l’ancienneté.

— Alors, je m’incline !

— Si vous aviez un homme politique dans votre manche, me dit Z, je crois que ce serait fait !

D’ailleurs Z fera tout ce qu’on voudra, mais il ne croit pas à ce qu’on fera, il ne croit qu’aux hommes politiques.

Un ministre, pas celui qui décore, a dit à Abel que j’étais en bonne position, et qu’il parlerait, chaque fois qu’il en aurait l’occasion, au ministre qui décore.

— Vous n’avez pas encore de dossier, me dit Abel.