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L’HEUREUSE BERTHE

— Voilà, ma pauvre Berthe, une dictée à recopier ! ...

— Oh ! pour sûr, dit-elle. Je fais des progrès comme une écrevisse.

— Tu ne devrais pas l’avouer.

— Si, si, dit-elle, ça vaut mieux.

— Comment ! tu ne peux pas me dire le cheflieu de l'Allier ?

— Non, je ne peux pas te le dire, répond Berthe, et un bébé en maillot te le dirait. Ah ! je suis une drôle de fille. Des fois, pour me punir de ma paresse, je voudrais être dans un ballon et tomber par terre.

Elle déteste l’histoire ; toujours des guerres ! toujours des guerres ! Il n’y a que les supplices qui l'intéressent, par exemple, celui de la reine Brunehaut morte d’un emballement de cheval.

Elle se jette au cou de sa mère : " Embrassemoi, maman, tu ne m’embrasses plus ! tu ne m’as pas embrassée depuis Louis X le Hutin. " Elle demande :

— Il n’est pas encore mal, hein ! de jouer à mon âge ?

— Non, ma fille ; il t’amuse toujours, ce jeu de cubes ?

— Oui, mais je t’avertis que je vais en avoir