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L’ŒIL CLAIR

M. Métour. Vous coucherez ici, et, demain matin, la diligence de sept heures, qui passe devant la porte, vous prendra au pied du lit, tout chauds.

Mon frère, grave encore d’avoir fait sa première communion cette année, dit avec à propos :

— Et la dépêche ?

— Quelle dépêche ?

— Celle que M. le directeur a promis d’adresser à notre père pour le prévenir de notre arrivée ce soir. Notre père sera inquiet.

— Bah ! dit M. Métour, le directeur n’a rien envoyé ; je le connais, il oublie tout. Et je connais aussi votre père ! Il ne s’étonnera pas ; il pensera que vous avez le temps ! Il sait bien que vous ne voyageriez pas seuls ou avec des sauvages qui abandonnent les gamins sur les routes : on a de quoi vous loger et vous nourrir ; ce serait malheureux 1 Entrez là, vous mangerez et vous dormirez comme chez le papa.

C’était dit avec une autorité !

— Si on faisait le reste du chemin à pied ? dis-je tout bas à mon frère... Si on essayait !

Mais il n’avait pas moins peur que moi et il feignit de ne rien entendre.

Eusèbe était déjà dans les bras de sa grosse mère. Elle nous reçut comme une brave paysanne,