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POTACHES

La rancune de Brûlebois ne céda pas aux cris de : " Vivent les vacances ! " Il partit sans me dire au revoir. Il bouda deux mois chez lui.

" A la rentrée, il rapportait sa figure hostile. Je le croyais bien perdu ! Comme l'année serait insipide et longue ! Ah ! monsieur, j’avais assez de chagrin pour être sûr de connaître l’amitié.

" Mais à l’étude qui suivit la messe du Saint-Esprit, je reçus ce billet : " Veux-tu te défâcher ? "

" Je ne pris pas le temps de répondre au moyen du billet, je me dressai, et, par-dessus les camarades, je fis à Brûlebois, pâle comme je l'étais sans doute, un grand signe de tête qu’il n’eut pas de peine à comprendre.

" Voilà, monsieur ! "

*
* *


Et je revois ce pion, qui ne fut des nôtres qu’un jour et disparut le lendemain, après nous avoir donné l’exemple d’une lâcheté héroïque. Quelle scène ! J’y assiste encore. M. le directeur (il faut être exact dans les souvenirs sous peine d’invraisemblance : ce n’était pas un principal de collège mais un chef d’institution libre, un marchand de soupe qui s’efforçait d’attirer les élèves