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DE L’ŒIL CLAIR


fête, mais dùt-il être désœuvré et triste toute la journée, il restera chez lui, il n’osera pas venir s’asseoir à notre table.

Tant il est difficile d’installer la République au village !

Le 14, le silence du château et de l’église effraie !

L’opposition ne craint pas d’être comique. Telle Parisienne, aux allures de grande dame, qui a épousé un valet de chambre (les valets de chambre sont les futurs maîtres du pays), assure qu’elle est incommodée physiquement par la populace. Elle quitte le village le matin de la fête et ne rentre que le soir, très tard (il faut bien rentrer), après s’être promenée tout le jour, respirant de nobles parfums, loin des cris odieux et de la poussière.

Un adversaire honteux, réputé pour sa paresse, se vante de n’avoir jamais eu autant de travail que ce jour-là, et finit, à la nuit tombante, par ramener une petite charrette de foin ; un autre, irréductible, affecte de ne pas se débarbouiller le 14 juillet ; il se promène dans les rues plus sale que jamais. Il le croit, il oublie que c’est sa tenue habituelle.

Et puis, il faut bien le dire, le prix du banquet populaire décourage un certain nombre de pauvres.