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DE L’ŒIL CLAIR

— Ce n’est pas la peine de faire tant de bruit. On peut se réjouir en silence. Ne sonnez pas !

Aussitôt le sonneur se débarrasse des sentiments républicains qu’il simulait. Payé par l’église, payé par le château, il était disposé à sourire de temps en temps, pour quelque monnaie, à la République : sa figure ravagée de travailleur bon à tout faire s’assombrit. Il ne répond rien ; il ne dit pas au revoir. Il ne saluera plus M. le maire.

Encore un qui ne saluera plus M. le maire !

C’est la façon qu’ils préfèrent de manifester. Tantôt ils saluent, et tantôt ils ne saluent pas.

A M. le maire de comprendre. Il rend avec politesse et plaisir tous les saluts, mais il faut qu’il soit prêt à toutes les surprises. Brusquement, un dos se tourne. Qu’est-ce qu’il y a ? M. le maire cherche ; celui-là n’a pas obtenu, par adjudication, le travail qu’il espérait. Cet autre trouve que sa demande de fonctionnaire n’était pas appuyée avec assez d’énergie. Ici, on boude par humeur contre le voisin privilégié ; là, par simple caprice, et, plus loin il s’agit d’une faute mystérieuse que M. le maire a commise et qu’il ne devine pas.

Pour sa punition, il sera privé de salut quelque temps ; pas longtemps. A moins qu’on obéisse aux ordres du château ou de l’église (ces hommes