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DE L’ŒIL CLAIR


Recevoir pour rien le journal du canton, réaliser cette économie, et faire passer des proses dans un journal de Paris, à la seule condition de s’inscrire pour un abonnement, quel rêve !

J’ai le courage de détruire quelques-unes de ses illusions.

Il accepte la vérité sans chagrin apparent. Il bourre de livres de Victor Hugo que je lui prête, le panier où étaient les belles poires et le beurre frais.

— Votre panier est plus lourd !

— Oh ! non, dit-il, après l’avoir soupesé... C’est même moins lourd que du Chateaubriand. Au régiment, un libraire m’avait offert un Chateaubriand complet et bon marché. Il remplissait toute ma valise. Je pliais sous la charge. Il fallait le porter à la gare. C’était trop loin ; je l’ai laissé.