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XX

À FOND DE CALE

Dans le petit port, la mer se gonflait sensiblement au soupir du flux, et, après des hésitations timides où s’essayaient ses forces, soulevait une à une les barques échouées. Elles semblaient se réveiller, et, comme de gros insectes noirs surpris par l’eau, faire effort pour reprendre pied. Des femmes assises sur leurs paniers attendaient les pêcheurs de congres. On apercevait déjà le premier au phare de Rocmer. Ses quatre voiles dehors, poussé par le flot, par la brise, cherchant le vent avec le moins d’écart possible, il grandissait et décroissait dans le raz sans cesse en colère. Il dépassait les bouées, les balises, et, s’acculant au