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de mon crû. Mieux vaudrait lire une page de Pierre Loti.

En somme, je la trouve bien. Elle m’est sympathique, et j’aime autant la voir qu’autre chose ; mais je la souhaiterais (comment dire cela ?) un peu plus pareille à une belle montagne. Je lui reproche de manquer de pics neigeux comme j’en ai vu en gravure. Oui une montagne « m’irait mieux », édentée et garnie de petits villages, blancs comme des dés de trictrac.

Sans doute, je reviendrai sur ces impressions, mais la trivialité de ce que la mer me fait éprouver m’exaspère contre elle. Nous ne nous comprenons pas. Un bateau va pêcher des brêmes, toutes voiles dehors : c’est un oiseau qui, les jambes trop courtes, marcherait avec ses ailes. Cet autre bateau rentre au port, et rappelle une vieille femme qui a relevé sur sa tête son jupon où souffle le vent. Un torpilleur manœuvre au loin : gros cigare. Le Nautilus de Jules Verne m’a causé plus d’étonnement. Je repousse ces communes associations d’idées : elles rebondissent sur moi comme des boules de bilboquet. La camelote des comparaisons encombre ma mémoire. À chaque vision correspond son ex-