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bouées flottantes, le ressac de la mer, les vieux marins assis autour du bateau de sauvetage et dont les yeux continuellement secrètent la chassie. À la gare, Monsieur Vernet me remet un billet de première. Je veux chercher dans ma poche.

— « Laissez, je vous prie ! »

— « Oh ! Monsieur Vernet ! »

— « Vous me remercierez en nous revenant le plus tôt possible ! »

Il ajoute, comme je serre le billet entre les feuillets d’un calepin :

— « Moi, je fixe toujours le mien à mon chapeau. Je n’en ai jamais perdu, et c’est plus commode pour le contrôleur. Ah ! j’oubliais votre bulletin ! »

Il va et vient à grands pas, donne des avis, interpelle, s’agite sans parvenir à nous communiquer son entrain. Nous sommes arrivés trop tôt, et, comme chacun tient à garder ses pensées pour soi, il nous faut lire les affiches, les arrêtés, nous promener devant le petit jardin de la gare, fleuri de réséda.

Enfin le mécanicien dit :

— « Je vais chercher le cheval ! »