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LIII

ANIMAL TRISTE

Le bateau glisse sous l’impulsion régulière de ma godille, loin du bruit de la fête. Un pêcheur qui vient de poser ses claies pour la nuit me crie :

— « Dépassez pas les balises ! y a du courant. Vous pourriez point revenir ! »

Les bouées blanches ou noires tirent sur leurs chaînes qui grincent. Au bout d’une balise, un cormoran endormi digère.

Qu’est-ce que j’aurais de mieux à faire ?

Gagner le large ? me perdre ?

Combien de temps Marguerite se taira-t-elle ? Si elle parle, quel scandale ! Sans doute, elle ne