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Après l’exercice sur le ventre, l’exercice sur le dos. C’est notre succès. En quelques séances, nous sommes parvenus à nous étonner.

— « Bombez la poitrine ! »

Je n’ai plus le ton rogue, la mine ennuyée. Mes paroles se sont ouatées. On ne prend pas les jeunes filles avec du vinaigre. Une main sous ses hanches, l’autre sous ses épaules, je l’installe commodément sur la vague.

— « Vous me tenez, au moins ? »

— « Je vous tiens. Bombez, bombez ! »

Et je ne la tiens plus. Elle flotte seule, légèrement prise d’effroi, et me regarde avec de bons gros yeux doux qui implorent, le souffle mesuré selon mes ordres.

Je m’éloigne un peu et je fais signe à Monsieur et Madame Vernet :

— « Mon œuvre ! »

Ils sourient :

— « Voilà du merveilleux ! »

Mais ce n’est pas tout. Je saisis avec précautions dans mes mains les pieds de Marguerite, et je les pousse, évitant les heurts, les crêtes de vague. Elle navigue comme un radeau, comme sur des roulettes et ferme les yeux sous un rayon