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J’ai un puits creusé dans le corps, et je me tiens, de toute ma force, immobile.

J’ai rencontré, dans l’ombre des couvertures, la main de Madame Vernet et je la garde. Elle est toute petite, sans frémissement, comme morte.

Bordée par bordée, Cruz avance tout de même. Sa voix lointaine nous renseigne.

— « Un peu de plus, je vous jetais sur les rochers. »

Il cherche à mettre en place les feux du port, qui doivent nous regarder comme des yeux de chat.

Il faudra un treuil pour nous déposer à terre. Quand le bateau se cogne à la cale, c’est une grande surprise. Je veux aider Madame Vernet à se relever, mais cette main que je tenais est celle de Marguerite.

Je m’en étonnerai plus tard. Nous prenons possession du sol comme des conquérants ivres.

— « À une autre fois ! »

— « Oui, à une autre fois ! »

Car nous recommencerons. On a le droit de se distraire dans la vie.