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tends qu’elle ait repris vent et je lui tiens des propos qui sont pures bagatelles.

HENRI

Vous êtes une levrette, une plume, une ombre, et sous votre doux poids j’ai cru que j’allais mourir.

MADAME VERNET

Holà ! que j’ai chaud ! Vous me tuez.

Les frisons de sa nuque sont collés par la sueur. Elle trempe ses pieds dans la fraîcheur de l’herbe. Elle fait des efforts de tête pour tirer son cou du col, lève les bras, remue les poignets afin de permettre à l’air d’entrer dans les manches, de se glisser jusqu’aux épaules, de se blottir aux aisselles.

Nous nous amusons comme des enfants sous l’œil amical de Monsieur Vernet. Je l’appellerais, à l’exemple de Marguerite, mon oncle, si je ne craignais de réveiller en lui le sanglier qui dort. Madame Vernet me prie de respecter au moins son mari, si je ne la respecte pas elle-même.