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roles, des bues, se propose d’en acheter une pour sa cheminée, s’arrête devant les assiettes à fleurs rangées derrière des lattes de bois.

— « Voulez-vous m’en vendre une, ma brave femme ? »

— « Une assiette ! pour quoi faire ? Seigneur Dieu ! »

— « Je la pendrai dans ma salle à manger, et, en la voyant, je penserai à vous. Combien ? »

— « Elles m’ont coûté à moi cinq sous, l’une dans l’autre ! »

— « En voilà vingt ! » dit Monsieur Vernet.

La brave femme se demande pourquoi on lui paie un franc tout entier une assiette achetée un quart de franc et dans laquelle elle a mangé.

— « Mon bon monsieur, dit-elle, celle-là est cassée : prenez-en une autre ! »

Monsieur Vernet hausse les épaules. Nous sortons, mais nous reviendrons. Nous promettons toujours de revenir.

— « Il n’y a pas d’embarras, dit la brave femme : revenez si vous voulez. »

J’offre à Monsieur Vernet de porter l’objet d’art, l’assiette. Il fait des façons. J’insiste.