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femme et un jeune homme qui la désire, mais il y a surtout deux êtres qui sont effrayés sans savoir pourquoi, parce que le souhait de l’un s’est accompli trop vite, parce que les nerfs de l’autre se sont brisés dans une seule crise, parce qu’enfin l’instant de bonheur est venu.

HENRI

Franchement, nous ne sommes pas gais, chère Madame. Calmez-vous donc ! vous allez vous faire du mal.

MADAME VERNET

M’aimez-vous, au moins ?

HENRI

Si je l’aime ! Elle me demande si je l’aime !…

J’élève et j’abaisse les bras, lentement. Puis je l’embrasse sur le front, sur les yeux, comme en fonction. Je pourrais compter en même temps.

C’est ainsi. Je ne vois pas Madame Vernet ; je vois la situation que nous nous sommes faite, la vie qui se prépare aux événements inde-