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sont descendus, tirant leurs paquets, qu’il remue encore. Il pousse des cris aigus comme un maître d’école qui ne parvient pas à dominer sa classe.

Pendant que la famille s’embrasse, je me tiens à l’écart, et je demanderais à Monsieur Vernet sa couverture de voyage, pour me donner l’air d’en être aussi, moi, de la famille. Je trouve les effusions de mauvais goût, et je crierais :

— « Je suis là ; il y a quelqu’un qui vous regarde : contenez-vous. »

Madame Vernet a une crise quand elle embrasse Mademoiselle Marguerite. Elle dit :

— « Oh ! ma grande fille ! »

pleure, pâlit, se trouve mal. Monsieur Vernet la conduit au cabinet du chef de gare, si j’ose m’exprimer ainsi. Elle s’assied. Cela va mieux.

— « C’est les nerfs ! » me dit monsieur Vernet qui lui tient la main. Il lui passe sur les tempes un mouchoir grisaillé, un mouchoir qui a fait un long voyage.

Je réponds :

— « Oui, c’est les nerfs : ça ne sera rien ».

Toute l’administration du chemin de fer est