Mais non, cher ami…, j’ai rendez-vous à six heures avec un modèle.
Un modèle de vertu ?
Vous êtes bien impertinent, Monsieur Samoy ! (À Simone.) Allons, au revoir, chérie. Ne nous oublie pas trop vite ; envoie-nous quelquefois de tes nouvelles !
Entendu. Au revoir, chérie… Au revoir, ma petite Maud.
Au revoir !
(Ginette et Maud sortent. Simone les accompagne et rentre en scène presque aussitôt.)
Scène 3
Par instants, LOUIS
Excusez-moi. Il fallait que je reconduise mes amies…
Vos amies, ça ?
Dame ! Je crois !
Vous n’êtes pas difficile !
C’est le secret du bonheur.
Alors, vous êtes heureuse, vous ?
Pleinement.
(Entre Louis.)
Du porto, je vous prie. Et vous direz à Justine que M. Samoy dîne avec nous.
Bien, Madame.
Mais non, mais non…
On ne vous demande pas votre avis. Guillaume serait furieux de ne pas vous revoir… Je pense, d’ailleurs, que vous n’allez pas l'abandonner pendant mon absence ? Je compte absolument sur vous pour lui tenir compagnie.
(Louis, ayant déposé sur la table à thé un plateau chargé d’un carafon et de verres se retire pendant les répliques suivantes.)
Vous pouvez être tranquille. Je veillerai sur le pauvre solitaire… — C’est toujours demain que vous partez ?
Toujours.
Et quand revenez-vous ?
Dans cinq semaines. Exactement, le lundi gras.
Parfait, parfait ! Voilà, en effet, de l’exactitude, et je reconnais là votre nature précise, ponctuelle… soigneuse !
Un verre de porto ?
Non, merci.
Alors, une tasse de thé…
Non, non, rien. Merci… (Allumant une cigarette, non sans nervosité.) Vous permettez ?
Mais qu’est-ce qu’il y a donc, mon pauvre ami ?
Il y a… que vous partez. Voilà ce qu’il y a.
Ce n’est pas un événement bien terrible… Nous nous sommes décidés brusquement…
La soudaineté de ce voyage n'en exclut pas le désagrément.