Tu as rencontré Robert récemment ?
Eh bien, oui, là !
Où l'as-tu rencontré ?
Au Caveau-Géorgien.
Tu lui as parlé ?
Impossible.
Pourquoi ?
Il était affalé, les coudes sur la nappe, à côté d’une affreuse petite rousse aux yeux pochés, au regard vide… Je te jure que c’était un spectacle lamentable.
Robert… Lui !
Il avait une de ces figures ! Dame, les femmes, l’alcool, les stupéfiants… Tout lui est bon, paraît-il, pour s’étourdir.
Comment, s’étourdir ?…
Ce n’est pas possible, ce que tu me racontes ?
Je l’ai vu !
Oh ! un garçon si gentil, si prévenant, si affectueux… En être tombé là !… Pourquoi, mais pourquoi donc a-t-il changé à ce point ?
Des embêtements, sans doute. La drogue tue les peines…
Même les peines d’amour !
Oh ! Vous croyez que Robert…
Maud a raison. Il n’y a qu’un grand, qu’un désespérant chagrin d’amour pour expliquer la transformation de ce garçon-là.
C’est épouvantable, Guillaume va être désolé lorsqu’il saura que son ami...
(Entre Louis.)
Madame…
Quoi ?
M. Robert Samoy demande si Madame peut le recevoir.
Qu’il entre ! Qu’il entre ! (Aux deux jeunes femmes. ) C’est lui !
(Ginette et Maud échangent un sourire.)
Scène 2
Ma chère Simone… J’ai rencontré Guillaume tout à l’heure. Il m’a appris votre prochain départ. Je n’ai pas voulu vous laisser quitter Paris sans vous faire mes adieux…
C’est tout à fait gentil… Vous connaissez ces dames, je crois ? Mme Ginette Barjot, Mlle Maud Risner.
J’ai déjà eu l’honneur d’être présenté à Mlle Risner, au dernier vernissage des Humoristes. Quant à Mme Barjot, nous sommes de jeunes vieilles connaissances !
Alors, tout est pour le mieux.
Ma petite Simone, il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter un bon voyage…
Et un heureux retour.
Comment ? Vous me laissez déjà ?
Je ne pense pas que ce soit mon arrivée qui vous fasse fuir ?