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TOKUTARO ET MURASAKI


Au temps si proche encore du Japon féodal, ses peintres, où qu’ils fussent en quête de modèles, regardaient simplement autour d’eux pour en découvrir de charmants, parmi la flottille des jonques ou la foule des kimonos, peuple frêle des paravents. Ils pouvaient, les yeux fermés, étendre la main, et ensuite, peindre l’objet désigné ainsi au hasard, sans jamais déshonorer de torpilleurs ou de redingotes les feuilles tendues de soie.

Au temps du Japon féodal, de cette île d’antiquité, moins attardée au milieu de l’Océan qu’au sein du Temps, refuge suprême des derniers dieux mythologiques, bien des événements s’y déroulèrent que nous ne connaîtrons jamais, car cette terre-là nous fut interdite, et ses fils, chassés hier seulement de l’époque fabuleuse, paradis perdu, n’en parlent guère.

Mais, les choses sont moins discrètes, et rien