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le lapidaire

la voûte qu’avec peine et vociférations, à la grande joie des arbalétriers de garde.

Le pont, heureusement, restait libre, et les gens du palais bordaient le chemin de deux haies chamarrées. Des trompettes à l’étendard de soie brodé aux armes de Doria sonnaient sur une tour leur fanfare aiguë. Sous la herse, des majordomes saluaient les nouveaux venus, et, par le vestibule aux quarante-quatre colonnes, à travers l’enfilade des chambres rutilantes, les conduisaient à la grande salle des galas.

On y montait par deux escaliers habilement ornés de figures grotesques et fantaisistes qui contrastaient le plus heureusement avec la décoration si pure de la galerie d’apparat. Le plafond de celle-ci était un ciel d’été, des scènes antiques en animaient le cintre ; aux frontons des portes se groupaient des nudités admirablement chastes ; douze guerriers géants, portraits d’ancêtres, étaient peints aux murs ; et, par les hautes fenêtres ouvertes sur les terrasses, on découvrait, entre les pentes de Gênes et le phare maintenant allumé, l’étendue bruissante de la mer couvrant le soleil abîmé.

Autour du vaste salon, assis aux places désignées, les hôtes du père de la patrie, déjà nombreux, s’entretenaient de frivolités.