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le lapidaire

s’étaient promis, avant même de les avoir vus, de s’en emparer.

La fête de l’Union, où Gênes célébrait pieusement l’anniversaire de son indépendance, avait lieu le douze septembre. Cette année-là, Doria, séjournant plusieurs mois dans la Ville, annonça qu’il ouvrirait son palais à la Seigneurie, à la noblesse et à la haute bourgeoisie pour la grande réjouissance nationale.

Le hasard favorisait donc Angela, et c’était bien débuter que paraître pour la première fois devant Andrea Doria au sein d’une superbe assemblée, belle parmi les belles, visiblement admirée de tous, et le front ceint des fameux rubis.

Malheureusement, le mois d’août s’achevait, et les accessoires nécessaires à la comédie restaient impitoyablement enfermés derrière la lourde porte d’Hermann Lebenstein.

C’est pourquoi Angela Calderini s’impatientait.

Malgré sa fièvre, elle s’efforçait de regagner les bonnes grâces du lapidaire, et celui-ci, peu à peu reconquis par tant de jeune grâce, oubliait de nouveau ses soupçons en la présence de plus en plus fréquente de cette enfant rieuse. Mais on ne parlait pas des rubis.

Le premier septembre, impuissante à se maîtriser, poussée par une force invincible, Angela