Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43
le lapidaire

proportions peu maniables. Le lapidaire avait l’apparence d’un mort et les colonnes de la couche solennelle firent l’effet de quatre cierges au valet désespéré ; il ouvrit les croisées afin que la vie intense de la nature et de la cité réveillées pût verser au malade son flot de bruits, de fraîcheur et de lumière ; puis, il descendit et s’assura qu’il était impossible de pénétrer dans la boutique en son absence.

Quand il remonta, Hermann regardait dans le ciel un point qui semblait au-delà de l’infini. Son œil embué était manifestement trop délicat pour cet azur aveuglant et sa faiblesse devait être comme écrasée sous l’agitation retentissante du dehors.

Smaragd ferma les fenêtres. Dans la pénombre, leurs vitraux allumèrent des taches de toutes les couleurs aux plis des draperies, aux angles des meubles ; la rumeur s’assourdit, et, parmi le calme de la demeure, on entendit le rhythme nonchalant des horloges mesurer comme à regret le temps perdu.

— Maître, quelle pierre dois-je vous apporter qui puisse vous soulager ?

Hermann considéra son serviteur avec un bon sourire et fit de la tête un signe négatif. Il dit tout bas :

— Laisse-moi sommeiller, Smaragd ; cependant,