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fantômes et fantoches

œuvre et le valet repenti ne considérait plus cette entreprise obscure que comme un fléau trop évident. C’était pitié de voir le géant pâlir et se courber chaque jour davantage, épuisé par sa tâche secrète.

Au milieu des murmures sans nombre qui avaient traversé l’anxiété de ses guets, Smaragd croyait avoir démêlé de longs gémissements, plus douloureux que les plaintes brèves arrachées d’ordinaire à son maître par la souffrance d’un effort. Mais, c’était sans doute une exagération auditive due à l’énervement. Aussi bien, le régime épuisant d’Hermann, beaucoup de labeur et peu de sommeil, eût pâli et courbé l’athlète le plus florissant.

Or, la durée de ce surmenage excédait la longueur des périodes similaires dont Smaragd se souvenait, et il se disposait à faire part de ses craintes à la fille de son maître quand les veilles inquiétantes prirent fin brusquement. Mais ce dénouement — bien qu’il fût semblable aux précédents et qu’il eût été prévu par le valet — n’en offrit pas moins des particularités tragiques et inattendues.

Un matin, Smaragd, passant près de la porte contre laquelle il s’était aplati tant de nuits, tel un