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fantômes et fantoches

tance mystérieuse, insoupçonnée jusqu’alors, et Smaragd se mit à les épier.

Toutes les fois qu’il eut à mettre en ordre la chambre détestable, cause première de l’admonestation, il en inspecta soigneusement tous les coins, et si Hermann avait été plus clairvoyant, il aurait remarqué avec un étonnement satisfait l’absence de poussière et de toiles d’araignée dans les endroits les plus inaccessibles, tant Smaragd mettait d’ardeur à fouiller méticuleusement les cimes des armoires, à sonder les gouffres des tiroirs et à scruter la forêt des fioles d’un torchon soigneux et indiscret.

Il ne trouva rien. Dans un coffre, des lancettes. des scapels gisaient, l’air méchant et nu ; leur aspect donnait la sensation d’une coupure ; des vases étaient remplis d’onguents, de liquides aux couleurs équivoques ; des ballons de verre enfermaient un vide plus inquiétant qu’une liqueur empoisonnée ; un foyer, noir, était sans feu ; nul cristal ne luisait sur l’établi du diamantaire. Tout cela semblait dormir d’un sommeil sournois et attendre le réveil inconnu qu’Hermann provoquerait. Smaragd, de plus en plus absorbé dans ses recherches stériles, redoublait vainement d’ardeur ; et sa curiosité déçue, fouillant de la trousse au laboratoire et de l’officine à l’atelier, allait d’un