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le lapidaire

taine potion préparée par le médecin lapidaire, afin de hâter les effets de la chrysolithe ; il est aussi vrai que, pour renforcer l’action du diamant, Hermann avait coupé quelque chose avec une petite lame dans l’œil de Beppo Pranza ; mais ce n’étaient là que pratiques accessoires et manœuvres humaines susceptibles tout au plus de faciliter l’influence occulte et surnaturelle des gemmes.

Pourtant, quelques envieux, ayant remarqué que le guérisseur opérait toujours de la sorte, c’est-à-dire qu’à l’imposition des pierres il joignait systématiquement l’intervention d’un breuvage, d’un onguent ou d’un couteau, s’emparèrent de cette particularité. À force de patience, ils parvinrent à tirer de Smaragd, être simple et confiant, que souvent, son maître s’enfermait dans une chambre où se trouvaient, d’un côté, les ustensiles d’un apothicaire, cornues, alambics, flacons de formes et de dimensions innombrables, des instruments de chirurgie, et, de l’autre, l’outillage nécessaire à la taille des cristaux.

La calomnie voit-elle une hache dans la masure d’un bâcheron, elle proclame : voici la maison du bourreau. Les jaloux décrétèrent que, la cornue étant l’attribut des alchimistes, Hermann cherchait sans doute la pierre philosophale, la seule