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le lapidaire

en soie brodée de bijoux ; douze gemmes forment le pectoral, traçant des colonnes mystiques, et, sur chacune, comme en un cartouche, des mots sont gravés : les noms des douze tribus d’Israël ; c’est la robe du grand prêtre Aaron et le rational des jugements tissé d’or et de lin tordus sur l’injonction de Jéhovah.

À côté, reposent le collier de fiançailles donné par Joseph à la Vierge, le monocle vert de Néron ; enfin voilà des camées grecs, des intailles millénaires, des dieux chinois en porphyre, des scarabées de jade dont l’achèvement a rempli des existences d’Égyptiens ; tous bibelots vénérables par la pureté du travail, la vieillesse ou l’histoire ; ils racontent assez complètement les usages différents auxquels les générations et les peuples ont employé les pierreries et prouvent en quelle estime ils ont toujours tenu ces sœurs lointaines.

Benvenuto, ravi, maniait avec précaution les colliers naïfs des femmes primitives, égrenait les chapelets aux dizaines superbes ; des ferrets guillochés enrichis d’aigue-marine firent claquer dans ses mains leurs jointures exactes ; d’un coup d’œil amical, il salua certain pendant de cou finement ciselé : assemblage de chimères et de nymphes qu’un Apollon Citharède présidait parmi les volutes d’or et les gemmes ; un fil de perles sou-