Page:Renard - Fantômes et fantoches, 1905.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
fantômes et fantoches

Or, certains végétaux sont des remèdes efficaces, pourquoi refuser ce titre à des minéraux, à peine plus éloignés de nous dans l’échelle des êtres ?

— Hum ! fit la lumière géniale, vous êtes un flatteur, maître Hermann, car cette escarboucle, — un simple caillou cependant, — jette des flammes que ma pauvre cervelle ne saurait jamais produire.

— Elle guérit de l’ophtalmie, reprit Hermann tout à fait calmé, et sa voisine, l’onyx, arrête les hémorragies ; voici le jade encore : pierre néphrétique ; et le rubis par quoi l’on traite la mélancolie…

— Oh ! l’admirable pierre ! s’écria Benvenuto.

— J’en ai de plus belles, dit fièrement Hermann.

— En effet, voici une émeraude où paraît condensé l’infini glauque de l’Océan.

— Je ne voulais point parler de cette émeraude, dit Hermann. Elle resplendit au tableau des saints pour y figurer Jean l’Évangéliste, et voilà près d’elle saint Mathieu.

— Encore une améthyste !

— C’est, en effet, la pierre des cultes religieux, et les anciens l’avaient consacrée à Vénus.

— Cette religion est plaisante, dit l’incorrigible