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les vacances de m. dupont

Le mégalosaure était donc là, sous nos pieds… Alors nous commençâmes à marcher droit au ravin, et la clairière apparut progressivement, très-bas.

Une exhalaison fétide monta vers nous.

Le curé se coucha par terre, j’en fis de même et nous rampâmes jusqu’au gouffre. Je l’atteignis le premier.

— Halte ! fis-je. Le voilà !

Notre ennemi était étendu sur le gazon, tout près de la faille, immobile.

— Il dort, murmura le curé.

Mais, j’apercevais l’œil glauque grand ouvert.

— Il est mort, répliquai-je. Toutefois, envoyons lui deux balles, c’est plus sûr. En joue… feu !

Les projectiles portèrent, mais la cible demeura inerte. Une nuée de mouches sonores s’en éleva et s’y rabattit. La mort avait passé par là.

Près du cadavre, au milieu d’ossements de pourceaux, gisait le grand squelette de l’iguanodon. Tout péril était donc dissipé. Nous reprîmes notre chemin pour nous rendre à la funèbre clairière.

— Enfin, j’avais raison, dis-je d’un ton dégagé avec une singulière joie, l’iguanodon a été tué par son collègue… ce rugissement courroucé, dont je vous ai parlé et qui surprit Gambertin, annonçait le combat. Le mégalosaure s’était posté devant la grotte pour guetter la rentrée de l’autre… ce fut un