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les vacances de m. dupont

Je compris — indistinctement — que l’abbé Ridel défonçait, à coups de je ne sais quoi, son vantail, et qu’il me portait sur mon lit. Je me rappelle aussi l’entrée du couple Thomas, hébété, qui, sur l’avis du curé, s’assit dans un coin… L’abbé s’approcha de la fenêtre avec circonspection et la ferma ; étant restée ouverte au moment du cri, elle avait conservé ses carreaux. Il revint vers moi :

— Est-il parti ? bredouillai-je.

— Qui ?

— Le… l’animal ?

— Oui, mais reposez-vous.

— Gambertin aussi est parti, repris-je.

Et j’éclatai en sanglots, ce qui me procura un bien-être inimaginable. Cela ressemblait au réveil d’une statue, je me dépétrifiais, si j’ose dire.

Cependant ma pensée reprenait son cours, et je me demandai par suite de quelle aberration nous n’avions pas soupçonné la vérité. Bien des indices devaient nous la faire redouter.

D’abord le fameux raisonnement de Gambertin ne tenait pas debout. Parmi tous les prodiges nécessaires à la conservation, puis à l’éclosion d’un œuf antédiluvien, deux seulement avaient besoin d’être doublés pour expliquer la naissance d’un autre saurien :