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les vacances de m. dupont

prête. Demain matin, vous redescendrez au village pour l’heure de votre messe.

Il fallut bien en passer par là.

Au reste, à peine étions-nous dans nos chambres que l’orage éclata, faisant crépiter la grêle contre les carreaux.

Le bon curé ne se douta point de nos alarmes secrètes. Je l’entendis bientôt ronfler de l’autre côté de la cloison.

Bien que la décision brusque de Gambertin m’eût déconcerté, je ne pouvais que l’approuver ; moi aussi j’étais plus tranquille de savoir l’abbé près de moi, au milieu de bonnes murailles, qu’en pleine nuit, dans la forêt… Mais je ne pouvais m’endormir. La frayeur inopinée de mon ami renouvelait mes inquiétudes à son sujet. Et puis, l’orage se mit à faire un vacarme effroyable. À tout instant, la foudre illuminait le ciel de sa lueur violette, et le curé se réveilla. Je perçus le frottement de son briquet. L’averse faisait rage. Enfin l’ouragan se calma, les éclairs s’espacèrent et la pluie devint un murmure très doux, comme une berceuse, avec de soudaines reprises d’intensité.

Mes yeux se fermèrent…

Pssttt ! Pssttt !

Je crus à un cauchemar.

Pssttt ! Pssttt !