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fantômes et fantoches

soin surtout, la nuit, de lui éviter toute chance d’entrevoir l’iguanodon. Nous dissertions du monstre, mais avec tranquillité et les propos de Gambertin dénotaient l’esprit le plus sensé. Je crus à une attaque fugitive. D’ailleurs la destinée vint à mon secours. Je m’aperçus bientôt que mes précautions nocturnes ne servaient à rien : l’iguanodon avait disparu. L’eau des orages montait dans la citerne, plus de cheval trempé de sueur, plus d’arbres dévorés, plus de cris, plus de traces après la pluie.

Quelques jours se passèrent.

Tout faisait croire au départ, à la mort peut-être de l’animal.

Il eût été dommage, tout de même, de ne pas profiter de cette unique occasion et de négliger l’autopsie du dernier dinosaurien, le seul survivant de l’époque secondaire. La crainte, s’il mourait à notre insu, que son cadavre devint la proie des rapaces, me fit proposer à Gambertin d’aller, moi seul, et de jour, aux nouvelles du côté de la grotte. Je l’avoue, la mort de la bête me semblait certaine. La réponse de Gambertin me surprit et me charma, car elle prouvait sa guérison.

— Gardez-vous en bien, me dit-il. Si cette absence cachait une ruse… Les yeux de l’iguanodon se sont peut-être accoutumés au soleil moderne, et